lundi 30 décembre 2013

SCC1/3 - Je m'étais fait engager comme serveur en extra... Et j'ai tenté de couvrir La Malibran d'opprobre et de ridicule en lâchant une praline explosive et malodorante (fourrée au poil à gratter, au fluide glacial ou à la bile de crocodile) dans sa gorge profonde

J'allais devenir un terroriste
J'avais répondu à une annonce, présenté ma candidature et réussi à me faire engager comme serveur en extra par les organisateurs de l'événement.  
Et on m'avait confié la tâche de faire circuler parmi les invités un plateau de gâteries, chatteries, bouchées, culs de bourdon et autres friandises... auxquels j'avais ajouté quelques pralines Dierckx (retravaillées par mes soins) en provenance directe d'une chocolaterie de la rue Gaucheret, rue explosive de la ville de Bruzout

Portant mon plateau à bout de bras, je suis parvenu à m'approcher de la star de la soirée, une soprano du barreau, à la voix certes puissante... Mais aussi une intriguante disposant (dit-on) d'importants soutiens familiaux !, qui était parvenue à se faire nommer à de très hautes fonctions régaliennes au sein de la sorcellerie
On l'appelait La Malibran ! Elle portait le libaya (un libaya de toute beauté qui lui épousait le corps), avec un pagne noué autour de la hanche... et cette soirée avait organisée à l'occasion de son anniversaire... et aussi de la nouvelle année qui tombait deux jours après.

Je me suis approché de La Malibran et ...
- Je vous aiiime tous, mes très chers amis ! Je suis tellement heureuse et je vous adoooore ! Merci d'être venus si nombreux ! Votre présence m'honooore et honore toute la châtellenie ! Vous m'en voyez ravie ! Buvez ! Mangez ! Dansez !
je lui ai tendu mon plateau de gâteries, chatteries et bouchées et ...
- Bon anniversaire, Excellence...
Je t'ai demandé quelque chose ? 
- Bo... bonne...
- Imbécile ! Niama ! Zoba ! Chômeur ! Mbokatier ! Pauvre !  Qu'est-ce que tu fous encore dans mes pattes ? Tika nzela ! Dégage !
- Bonne fortune, Excellence ! Bonne... annéééée !

- Laisse-moi passer, musengi ! Ou je te change en pourceau ! 

j'ai réussi à faire tomber... Schtonk !, avec précision, une praline dans sa gorge profonde... Une Galler, une Gerbaud, une Godiva, une Neuhaus, une Marcolini ou même une Leonidas1 ? 
Meuuuunon, une praline Dierckx !

Circé resplendissante à la gorge palpitante et aux parfums dévastateurs, nourrie à la pâte de maïs de toute première qualité,  La Malibran était constamment entourée de suppôts et estafiers (sept « collaborateurs les plus proches » attendant ses ordres) qui la suivaient partout, prenaient l'avion avec elle, voyageaient avec ses malles, la lavaient, lui massaient le dos et l'entrejambe, la tressaient, l'habillaient, la maquillaient, la flattaient, pensaient pour elle, rédigeaient ses mails, envoyaient ses tweeds, lui servaient à boire, agitaient son éventail, prenaient ses rendez-vous et portaient ses partitions. Elle avait, disait-on, su tirer avantage des pouvoirs occultes que (dit-on) possédait son « frère »… Jadis tout puissant, avant que Kake ne le frappe !, et de l'influence secrète qu'il (dit-on) exerçait sur la Haute Hiérarchie.Devenue sorcière régalienne et membre du Grand Conciliabule, La Malibran était à présent une des voix les plus écoutées de la Châtellenie d'Awel et il était imprudent et, à tout le moins, contre-indiqué de refuser ses invitations. Elle avait élu domicile dans une magnifique gentilhommière donnant sur la place Fernand Cocq et située à quelques centaines de mètres du groupement quasi-autonome d'Awel-Matonge (dont les habitants, opposants notoires et observateurs goguenards des mœurs de la châtellenie, se faisaient appeler les Awélés) et c'est chez elle, par elle et pour elle que la fête avait été organisée à l'avant-veille de la nouvelle année. 

Jadis considérée comme très talentueuse et vantée pour la longueur de son son, la somptuosité de son timbre, la diversité de ses nuances et son engagement dans les personnages qu'elle interprétait sous le régime autocratique précédent, cette sorcière de haut niveau avait, ces dernières années,  complètement changé d'allure. Elle était devenue fourbe et menteuse, âpre au gain, tortueuse et simulatrice. Comme tant d' autres chanteurs et chanteuses d'opéra, stars du spectacle ou de la politique, idoles de la télévision et du show business, elle était devenue très riche... et aussi très nerveuse et très irritable, tendait à se comporter de façon despotique, ne supportait pas la contradiction et n'écoutait plus les conseils de personne. Pas même ceux de ses anciens amis ou de ses anciens professeurs. Elle avait même acquis la réputation de recourir à des crapuleux pour la mise au point et l'exécution de différentes tâches obscures ou, à tout le moins, de laisser des crapuleux de son entourage exercer librement leur pouvoir de nuisance dans des domaines de prédation relevant pourtant, en théorie… A supposer qu'une sorcière, ata régalienne, ait jamais eu le pouvoir de contredire un responsable des « services !,  de son expertise et de sa compétence et de fermer les yeux sur leurs abus et exactions.


La fête battait son plein. 
Un aboyeur criait les noms des gens à leur arrivée dans la salle des fêtes. 

Batterie, tambours, trompettes et saxophones ! Pesa mokongo, tanda biloko ! Accolades, coups de tête et crocs en jambe ! Guitares solos, guitares rythmiques et guitares basses ! Verckys volait comme un papillon et piquait comme une abeille ! Des plateaux circulaient ! Franco attaaaquait ! Bassines et casseroles, gongs et maracas, bouteilles de Mongonzo, klaxons, sifflets et sonnettes de vélo ! Arrogances et hautainetés ! Des mouchards se glissaient au plus près de groupes d'invités qui débattaient à voix basse, mais avec passion, des dernières affaires qui agitaient la châtellenie ! Mais ils se gardaient bien d'intervenir directement dans les conversations ! Propos quelquefois virulents suivis de courbes rentrantes spectaculaires ! Discours et compliments ! Congratulations ! Remerciements ! Vibrant hommage rendu à la Haute Hiérarchie ! Pesa mokongo, tanda biloko ! Lidusu, towuta na lidusu, tokotaka na lidu­su, sakana na lidusu ! Applaudissements ! Clameurs ! HH oyé ! Ovations ! Simaro Massiya Lutumba perpétuait ! Zaïko Langa Langa, Papa Wemba, Evoloko Joker, Pépé Kallé, King Kester Emeneya, Werrason, JB Mpiana, Ferré Gola, Fally Ipupa et de nouveau Zaïko Langa Langa assuraient ou disparaissaient ! Cris des atalakus !  Ah tala ku, tala ku mama, zekete zekete ! Course au pouvoir, Mbiri-Mbiri, Kwiti-Kwiti, Nzinzi et Diarrhée verbale ! Doigts d'honneur et pieds de nez ! Songi-Songi et léchage de raies ! Conciliabules et conjurations ! Vimba Vimba ! Mama Siska ye wana ! Djuna Djanana avait pris du champ mais Sexion d'Assaut et Maître Gims (alias Gandhi Djuna) étaient désormais
 - Des fois j'fais des choses que j'contrôle pas ! 
passés à l'offensive !

Ça se passait dans le monde des sorciers, au sein de la Châtellenie d'Awel. 
Dans les salons et jardins de l'hôtel particulier de La Malibran. Place Fernand Cocq, près du Volle Gas et de La Régence. Entre l'Amour fou et les pompes funèbres J.Van Gossum et fils. Entre la rue du Collège et le chaussée d'Awel.
Et tout le monde paraissait bien content d'être là.

La fête battait son plein.

Pesa mokongo, tanda biloko ! L'ambiance était conviviale mais... certains indices... Une dispute, peut-être ? De l'agitation du côté des toilettes ?, donnaient à penser que tout n'était peut-être pas aussi parfait qu'il y paraissait et que l'atmosphère joyeuse et pleine d'entrain qui présidait à la fête pouvait très bien, d'un moment à l'autre, tourner à l'aigre... 
Dressée sur ses hauts talons, La Malibran, en effet, venait...
- Oh ! 
d'avoir une vive altercation avec certains de ses gens et, échangeait à présent, à mi-voix, des propos agacés avec l'onctueux agent Nat, le responsable de la sécurité, et avec un membre très haut-gradé du Saint-Office
2, un certain général***, un sinistre individu dont… Pour l'instant !, je tairai le nom mais dont, à toutes fins utiles, je communiquerai dès à présent la fiche signalétique : individu occupant la fonction de prélat militaire chargé des inquisitions et des persécutions au sein de la sorcellerie / individu de sexe masculin, chauve et de haute taille / individu arborant généralement des lunettes à monture en or et une montre de marque / individu aimant s'habiller avec élégance, soit en treillis militaire de haute couture, soit en costume rayé, bien coupé, au veston aux larges revers mais déboutonné pour dissimuler un début de bide et la saillie de son ventre / individu  portant habituellement une chemise blanche au col "cutaway" ou "italien", des chaussures Weston ou Church, et, autour du cou, une cravate bleu foncé à pois jaunes ou roses  / individu ayant la détestable habitude de s'asperger copieusement de lotion déodorante...

La Malibran était très énervée. 

Elle venait d'être informée par l'un ou l'autre de ses (au moins sept) collaborateurs les plus proches que de la porte des « commodités » mises à la disposition des invités au bel étage de son hôtel particulier était bloquée de l'intérieur... 
Oh ! Vraiment ? 
parce que des djeuns s'y étaient enfermés depuis plus d'une demi-heure et qu'ils avaient réquisitionné les lieux d'aisance ! Sans doute pour s'y tripoter à l'aise ou s'en mettre plein les narines, on ne savait pas vraiment ! 
Et que ces djeuns n'étaient pas des kuluna et que leur cas était "compliqué" 
Et qu'il s'agissait particulièremet...
- Oh ! Vraiment ? Je n'aime pas ça ! 
du fils d'un très haut dignitaire de la sorcellerie qui avait la réputation d'être le fils à papa le plus dégénéré qui soit: un jet-setteur suffisant et arrogant, ivrogne et débauché, toujours habillé en tenue de cow-boy de pacotille ou de para-commando de mascarade ! 
Et que ce fêtard cocaïné, formé aux États-Unis3 et se piquant de parler l'américain, s'était enfermé...
- Oh ! Vraiment ? Je n'aime pas ça du tout !
dans les toilettes du bel étage avec sa Katula Kiadi du moment 
Et que cette dévergondée était une stagiaire de Digital Luabongo qui rêvait de faire rapidement carrière et de devenir une vedette de la télévision ! Et que cette jeune fille, fraîchement sortie de l’Ifasic ou de l’Université catholique, n'était autre que la « nièce » plus ou moins proche ou lointaine d'un administrateur des « services » dont les bureaux étaient situés au croisement des avenues de l’Equateur et des Aviateurs ! Et que  l'oncle de la petite avait la réputation.d'être vindicatif et qu'il ne voyait pas d'un très bon oeil les débordements de sa « filleule » ! Et que cette filleule était sans doute...
- Oh ! Vraiment ? Je n'aime pas ça du tout du tout du tout !
un peu plus que sa protégée, oh !

La Malibran fulminait de rage 
- C'est donc pour ça qu'ils sont venus à ma fête ! Ils ne pouvaient pas faire leurs crasses ailleurs ! Je n'aime pas ça du tout ! Je vais les changer en pourceaux ! 
et trépignait sur ses hauts talons. Mais personne, pas même elle, n'aurait osé frapper avec autorité à la porte du cabinet de toilettes ainsi réquisitionné pour rappeler à l'ordre ou à la bienséance des djeuns dont les parents ou les protecteurs étaient si hauts placés dans la hiérarchie sorcière. La Malibran était furibonde et avait du mal à se contenir : « Je ne vais quand même pas être obligée d'inviter les excellences, honorables, éminences et dignitaires de la châtellenie ou les ambassadeurs de Chine et des États-Unis et autres distingués invités à monter soulager leur prostate dans mes appartements privés ! Encore heureux que le Nonce Apostolique n'ait pas voulu répondre à mon invitation! » 

Au bord de l'hystérie, La Malibran 
- Je n'aime pas ça du tout ! Je vais les changer !
ne décolérait pas d'être impuissante à gérer cette situation: elle n'était plus maîtresse en sa propre demeure… Le jour même de mon anniversaire, oh !, et celà lui était absolument insupportable. Elle piaffait d'impatience 

- Je vais....
devant la porte des toilettes du bel étage, comme une révérende mère supérieure, habituée à se shooter à l'hostie consacrée, claquant du bec et souffrant d'une fringale aigüe, qui serait obligée, par respect des bonne manières, du protocole ou d'un principe d'égalité tout à fait contestable…
- Je suis quand même une autorité ! On me doit quand même du respect ! 

de se retenir, se retenir, se retenir et de sautiller d'un pied sur l'autre et de faire la file, la file, la file comme tout le monde et de rester dans le rang et...
- Quand même !
d'attendre et d'attendre et d'attendre son tour
 devant le banc de communion, comme une abrutie de maraîchère de légumes, une simple tenancière de malewa ou une vendeuse de pagnes tout à fait ordinaire...

Et c'est à ce moment-là que ... 
- Je vous aiiiime tous, mes très chers amis ! Je vous adoooore ! Amusez-vous bien et montrez-le ! Faites du bruit ! Battez des mains ! 
Dansez ! Faites-vous servir à boire ! Dansez ! Mangez autant que vous pourrez !
j'ai glissé mon plateau sous le nez de La Malibran et que ...
- Bon anniversaire, Excellence ! Bonne...
-Bécil ! Sauvage ! Mapeka ! Mpiaka ! Chômeur ! Mutu ya pamba-pamba ! Espèce d'individu ! Niangalakata ! Longwa kuna ! Qui t'as permis de m'adresser la parole ? Je vais te changer en pourceau !
- Bonne fortune, bonn
... 
- Tufi na mama na yo !
- Bonannééé...
j'ai réussi à faire tomber... Schtonk ! avec précision, une praline Dierckx fourrée au poil à gratter, au fluide glacial ou à la bile de crocodile dans le décolleté profond du libaya que la diva avait fait couper, piquer et festonner par son couturier, sur mesure, après de multiples essayages, spécialement pour les fêtes de fin d'année, oh ! 


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1 Tous des des « allochtones », ces chocolatiers ? Des bwakeurs, des immigrants ou des clandestins ? Sauf, apparemment, Monik Dierckx et Laurent Gerbaud (mais peut-être ces deux-là sont- ils Afrikaners, Willemstadiens de Curaçao, Suisses de Broc en Gruyère ou de Kilchberg, dans le canton de Zurich ou Canadiens français ?) Comment ont-ils fait, tous ces chocolatiers allochtones, pour se soustraire aux contrôles, réputés sévères, de la police des frontières et des étrangers du Royaume de Jupiler ?

2 Le Saint-Office ? Un des « services » chargés de la régulation du système sorcier et de la surveillance de sa population. Ce « service » prétend agir au nom du droit et faire appliquer les lois ou, plus exactement, les instructions du Haut-Hiérarque visant à éradiquer les forces négatives, les mauvaises herbes, les forces du Mal, les champignons parasites, les forces obscures et les insectes turbulents et ravageurs. Certains (quelques-uns, beaucoup... mais pas tous) de ses membres pratiquent ce qu'on peut appeler le banditisme juridique.

3 Une formation multidisciplinaire, sans aucun doute. Au management du pognon et au tir en rafales. A la coke et la pornographie enfantine aussi. 
Sans compter un stage de formation en «Recherche et Opérations» ou une initiation aux techniques de « tortures scientifiques » de la CIA à Washington ou une formation antiterroriste en Floride à la célèbre « Ecole des USA »... Parce que ça pourrait toujours servir, une fois de retour au pays, non ? Et que Papa sera content...
- Ainsi donc, te voilà de retour au pays, mwana ! Prêt à intégrer les "services"  et à servir la Haute Hiérarchie !
et tellement fier de son fils,  non ?





Ndlr : Vous êtes déjà perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
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